Réseaux sociaux, temple des vanités

S’informer par la presse traditionnelle est devenu  presque impossible lorsqu’on souhaite une information honnête et complète. Beaucoup se sont alors tournés vers les réseaux sociaux. Il est vrai qu’on y trouve plus souvent des sources d’informations nettement moins biaisées. On y trouve encore bien davantage de choses sans intérêt. On peut également y observer un aspect bien navrant. L’idée originelle et fondamentale du réseau a été depuis longtemps détournée de son sens premier.

Réseaux sociaux

Trop peu de réflexion

Un réseau, c’est un groupe de personnes qui se croisent ponctuellement et échangent sur un sujet ou un autre. Nous avons tous nos réseaux, indépendamment d’internet. Chacun a son cercle d’amis et de relations, les commerçants chez qui il fait ses emplettes, les voisins qu’il croise régulièrement et avec qui il échange des propos voire des services, les préposés aux services avec lesquels il a à faire : le tout forme l’ossature d’une vie sociale. Mais cette description a une dimension géographique habituellement limitée. Avec internet, cette dimension a disparu pour étendre la surface à l’échelle de la planète entière. Mais il est moins que sûr que nous y ayons gagné au change.

La belle et grande famille humaine unie promise par les promoteurs du développement des réseaux a eu un effet plutôt pervers. Une substitution du réseau réel par un réseau virtuel est apparue. Les liens réels se sont distendus entre des personnes qui se côtoyaient régulièrement. Ces liens ont été remplacés pas des échanges virtuels par internet avec de parfaits inconnus. Chacun s’abonne aux comptes des uns et des autres en cliquant sur des boutons assortis d’une sirupeuse formule dans le style « ajouter à mes amis ».

Il peut certes arriver de temps à autre que de telles relations se mutent en amitié. Mais c’est chose rare, ne serait-ce qu’à cause de la distance pouvant séparer les individus qui, ne se voyant jamais qu’à travers ces échanges virtuels, ne se connaissent en fin de compte pas du tout. Ces amitiés artificielle ne résistent par ailleurs pas aux aléas du quotidien. Si une tempête dévaste votre région, vos voisin et vos commerçants seront toujours là. Des échanges continueront peut-être même avec d’autant plus de force que les uns pourront avoir besoin de l’aide des autres pour se remettre des conséquences de cette catastrophe. Mais sur Internet, une tempête fait disparaître vos « amis ». Vous n’avez aucun moyen de les retrouver si le réseau utilisé a fermé et sans autre canal par lequel reprendre contact.

Une source de bien des frustrations

Un aspect bien peu soulevé, c’est une absence presque complète de discussions sérieuses et de vrais débats. Il apparaît que pour une très large proportion des personnes présentes sur ces réseaux, chacun y va de sa petite revue de l’actualité. Beaucoup plus rares sont ceux qui ouvrent eux-même une discussion avec leur propre sujet. Et lorsque cela arrive, ces sujets sont trop souvent purement et simplement ignorés., et ce même si le sujet concerne tout le monde dans son quotidien. Quant à les relayer, ce n’est même plus considéré. Bien entendu, il y a toujours des exceptions et on ne peut pas généraliser. Mais il demeure navrant de constater à quel point tant de monde se sent si peu concerné.

Lancer une idée sur un réseau aboutit généralement à un silence assourdissant, pratiquement personne n’y accorde le moindre crédit si celui qui lance ladite idée ne jouit pas déjà d’une large notoriété. Et encore, même si les relais se multiplient, cela ne fait qu’élargir la surface du silence qui suit.

Un exemple ? J’ai publié ici même il y a à peine plus d’un an un billet de blog pour lancer le développement d’un outil destiné aux assemblées citoyennes. Parallèlement, j’ai créé un document disponible en ligne, une ébauche de départ où chacun était invité à participer pour que nous disposions à terme tous d’un outil efficace. Résultat pour le moins frustrant : personne n’y a apporté ne fût-ce que l’ajout d’une virgule… Mais tout le monde continue à râler et à dénoncer. Au mieux, des personnes m’ont dit,« C’est une super-idée, ne lâche pas », avant de retourner à ses occupations habituelles comme si je n’avais strictement rien dit.

Et vous ?

Je vous invite à un petit exercice de pensée, ho rien de bien complexe. Demandez-vous combien d’idées originales vous avez vu passer sur les réseaux, tâchez d’en identifier les grandes lignes. S’il vous en revient au moins une, demandez-vous à présent ce qu’elle est devenue, tant pour vous-même que pour l’ensemble de nos contemporains.

Il y a quelques bonnes idées, parfois fragmentaires, peut-être même les avez-vous trouvées dignes d’intérêt. Mais à présent, où en sont ces idées vues de votre point de vue ? Les avez-vous seulement relayées ? Ou bien vous en êtes-vous emparé pour y apporter éventuellement quelque chose pour l’enrichir ou encore y corriger un défaut ?

Ne pensez pas que je parle uniquement des idées que j’ai pu lancer moi-même sur ce blog en les relayant sur les réseaux. Je parle de toutes les idées qui peuvent fleurir partout. parfois, certaines sont complémentaires, mais encore faut-il qu’elles se croisent. Les relayer ne sert à rien si on en fait pas soi-même quelque chose. Le seul relai sans suite présente en outre quelque chose dont trop peu de personnes se rendent compte en le faisant. Cela montre que ces personnes attendent la solution des autres. Alors imaginez si nous faisions tous cela. Attendre l’homme providentiel a autant de sens que de croire aux histoires de licornes et de petits lutins. Quelque chose me dit que, si vous êtes encore en train de lire ceci, vous n’y croyez pas non plus.

Alors on fait quoi ?

Participer au développement d’une idée de base ne requiert pas des efforts considérables. Il faut d’abord la garder à l’esprit, et n’y consacrer, de temps à autre, quelques minutes pour la compléter ou la corriger. Et, le plus important, ils est important de partager le fruit de ses propres réflexions. C’est en collaborant que l’on construit un projet collectif. Les réseaux ne sont, et en tout état de cause ne doivent être rien d’autre que des outils pour simplifier les échanges. Ils ne sont pas une fin en soi.

On cherche tous des exemples, des modèles. Mais chacun de nous n’a-t-il pas également le devoir d’être exemplaire ? Sinon, sur quoi appuierons-nous notre crédibilité ? À quoi servirait notre activité sur les réseaux si elles n’aboutissaient pas à des solutions aux problèmes que nous y dénonçons ?

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